Les SEL (Service d'Echange Local), ce
sont ces petits groupes solidaires qui fleurissent aux quatre coins
du pays ces dernières années. On y parle de monnaie locale,
d'alternative au système monétaire, d'échanges, mais qu'est-ce que
c'est exactement ?
Imaginons cela ici, à Wambrechies.
Parmi vos voisins, combien avez-vous eu l'occasion d'apprendre à
connaître : leurs passions, leur savoir, leur culture ?
Vous êtes-vous déjà senti-e démuni-e face à un besoin tout en
ayant conscience qu'une foule de gens autour de vous auraient pu vous
aider, si seulement ils avaient su comment vous dépanner ?
Les réseaux sociaux tels que Facebook
ont l'avantage de vous relier virtuellement à votre entourage proche et lointain.
Le système du SEL va au delà. Il vous rapproche des habitants de
votre ville, qui se réunissent autour d'une envie commune : celle
de s'entraider et de permettre une amélioration de son propre quotidien.
Il s'agit de s'échanger des services et des savoirs, sans se
confronter aux barrières habituelles. Ces barrières, quelles
sont-elles ?
Je citerais avant tout celle qui nous
tracasse souvent le plus :
Première barrière : l'argent
Lorsque sont payés les factures, les
dettes ou le loyer, il reste parfois peu de marge pour pouvoir
s'offrir quelques services, et ceux-ci se retrouvent alors relégués
au rang des souhaits : « Que j'aimerais... »
Dans le système du SEL, une monnaie
virtuelle locale est créée exclusivement pour offrir et obtenir des
services et des savoirs, voire des biens. Votre budget se compose alors de
« grains de sel », sur la base de « une minute de
service = un grain de sel », et ce quel que soit le service.
Une heure de cours de piano vous coûtera donc autant qu'une heure de
repassage ou une heure de correction de texte. La barrière de
l'argent tombe, et vos souhaits peuvent devenir réalité.
Deuxième barrière : les diplômes
Le « but du jeu » pour un
seliste est d'obtenir des grains de sel, afin de pouvoir rémunérer
un service. Pour ce faire, avez-vous conscience du nombre de services
que vous êtes capable de proposer ? Au sein d'un SEL, personne
ne vient se référer à vos études ou à votre parcours
professionnel. Il s'agit désormais d'être à l'écoute, en tout
sincérité, de vos savoirs acquis dans votre quotidien, de votre
aisance dans un ou plusieurs domaines, là où d'autres se
sentiraient dépassés.
Prenons quelques exemples : vous
aimez proposer des activités aux enfants, ou êtes un spécialiste
des bons plans en achat d'électroménager (je pense à ma belle-sœur) ? Déclarez sur le
« catalogue du SEL » que vous êtes prêt-e à
consacrer deux heures de votre temps pour aider ceux que ces
propositions intéressent. Vous savez faire des massages de dos ou un
brushing ? C'est un luxe qui intéressera sûrement nombre des
adhérentes du groupe ! Vous êtes doué pour le bricolage ou la
cuisine ? Faites-le savoir, d'autres en seraient tellement
soulagés...
Troisième barrière : la peur de demander !
Grâce au système de catalogue en
ligne sur le site de votre SEL, vous pouvez publier vos annonces et
attendre tranquillement que quelqu'un y réponde favorablement.
Ainsi, chacun consulte les demandes en cours, et voit s'il a la
capacité et le temps de rendre l'un ou l'autre de ces services.
Qu'est-ce qui vous ferait plaisir, quelles connaissances
aimeriez-vous acquérir ? Osez lancer un appel, à moins que
vous ne trouviez déjà votre bonheur dans la liste des offres ?
Quatrième barrière : le manque de contacts
Les SEL fonctionnent dans un esprit
associatif. Ce sont donc avant tout des moments de convivialité,
avec des réunions régulières, des repas passés ensemble, comme
une « fête des voisins » constamment renouvelée... une
véritable aubaine pour les citadins perdus dans un climat
individualiste croissant. Grâce au SEL, vos voisins ne seront plus
des inconnus mais vos alliés.
C'est une belle expérience de société,
et elle se construit désormais à Wambrechies !
Depuis
septembre dernier, un petit groupe de personnes se préparent à
l'aventure. Remercions Marie-Christine et Pierre Frappé, qui ont eu
la bonne idée, depuis le printemps 2013, d'organiser des réunions
mensuelles sur le thème de la solidarité, à leur domicile. Le
bouche-à-oreille amène de nouvelles personnes à chaque réunion.
De leurs discussions est née l'envie de créer un SEL dans notre
ville, comme c'est déjà le cas à Pérenchies. Là-bas, c'est le
Ch'ti Sel, ici ce sera le SEL de baies... de genièvre
bien sûr !
Le site Internet est créé, les
membres commencent à y placer leurs offres et demandes. Doucement,
on essaie, rien d'officiel pour l'instant, on voit les difficultés
de ce système encore nouveau pour nous. Lorsque nous serons prêts,
nous pourrons alors l'annoncer. Je dis nous, car j'en fais partie
désormais.