mardi 18 février 2014

Naissance du SEL de baies


Les SEL (Service d'Echange Local), ce sont ces petits groupes solidaires qui fleurissent aux quatre coins du pays ces dernières années. On y parle de monnaie locale, d'alternative au système monétaire, d'échanges, mais qu'est-ce que c'est exactement ?

Imaginons cela ici, à Wambrechies. Parmi vos voisins, combien avez-vous eu l'occasion d'apprendre à connaître : leurs passions, leur savoir, leur culture ? Vous êtes-vous déjà senti-e démuni-e face à un besoin tout en ayant conscience qu'une foule de gens autour de vous auraient pu vous aider, si seulement ils avaient su comment vous dépanner ?
Les réseaux sociaux tels que Facebook ont l'avantage de vous relier virtuellement à votre entourage proche et lointain. Le système du SEL va au delà. Il vous rapproche des habitants de votre ville, qui se réunissent autour d'une envie commune : celle de s'entraider et de permettre une amélioration de son propre quotidien. Il s'agit de s'échanger des services et des savoirs, sans se confronter aux barrières habituelles. Ces barrières, quelles sont-elles ?

Je citerais avant tout celle qui nous tracasse souvent le plus : 

Première barrière : l'argent

Lorsque sont payés les factures, les dettes ou le loyer, il reste parfois peu de marge pour pouvoir s'offrir quelques services, et ceux-ci se retrouvent alors relégués au rang des souhaits : « Que j'aimerais... »
Dans le système du SEL, une monnaie virtuelle locale est créée exclusivement pour offrir et obtenir des services et des savoirs, voire des biens. Votre budget se compose alors de « grains de sel », sur la base de « une minute de service = un grain de sel », et ce quel que soit le service. Une heure de cours de piano vous coûtera donc autant qu'une heure de repassage ou une heure de correction de texte. La barrière de l'argent tombe, et vos souhaits peuvent devenir réalité.

Deuxième barrière : les diplômes

Le « but du jeu » pour un seliste est d'obtenir des grains de sel, afin de pouvoir rémunérer un service. Pour ce faire, avez-vous conscience du nombre de services que vous êtes capable de proposer ? Au sein d'un SEL, personne ne vient se référer à vos études ou à votre parcours professionnel. Il s'agit désormais d'être à l'écoute, en tout sincérité, de vos savoirs acquis dans votre quotidien, de votre aisance dans un ou plusieurs domaines, là où d'autres se sentiraient dépassés.
Prenons quelques exemples : vous aimez proposer des activités aux enfants, ou êtes un spécialiste des bons plans en achat d'électroménager (je pense à ma belle-sœur) ? Déclarez sur le « catalogue du SEL » que vous êtes prêt-e à consacrer deux heures de votre temps pour aider ceux que ces propositions intéressent. Vous savez faire des massages de dos ou un brushing ? C'est un luxe qui intéressera sûrement nombre des adhérentes du groupe ! Vous êtes doué pour le bricolage ou la cuisine ? Faites-le savoir, d'autres en seraient tellement soulagés...

Troisième barrière : la peur de demander !

Grâce au système de catalogue en ligne sur le site de votre SEL, vous pouvez publier vos annonces et attendre tranquillement que quelqu'un y réponde favorablement. Ainsi, chacun consulte les demandes en cours, et voit s'il a la capacité et le temps de rendre l'un ou l'autre de ces services. Qu'est-ce qui vous ferait plaisir, quelles connaissances aimeriez-vous acquérir ? Osez lancer un appel, à moins que vous ne trouviez déjà votre bonheur dans la liste des offres ?


Quatrième barrière : le manque de contacts

Les SEL fonctionnent dans un esprit associatif. Ce sont donc avant tout des moments de convivialité, avec des réunions régulières, des repas passés ensemble, comme une « fête des voisins » constamment renouvelée... une véritable aubaine pour les citadins perdus dans un climat individualiste croissant. Grâce au SEL, vos voisins ne seront plus des inconnus mais vos alliés.


C'est une belle expérience de société, et elle se construit désormais à Wambrechies ! 

Depuis septembre dernier, un petit groupe de personnes se préparent à l'aventure. Remercions Marie-Christine et Pierre Frappé, qui ont eu la bonne idée, depuis le printemps 2013, d'organiser des réunions mensuelles sur le thème de la solidarité, à leur domicile. Le bouche-à-oreille amène de nouvelles personnes à chaque réunion. De leurs discussions est née l'envie de créer un SEL dans notre ville, comme c'est déjà le cas à Pérenchies. Là-bas, c'est le Ch'ti Sel, ici ce sera le SEL de baies... de genièvre bien sûr !
Le site Internet est créé, les membres commencent à y placer leurs offres et demandes. Doucement, on essaie, rien d'officiel pour l'instant, on voit les difficultés de ce système encore nouveau pour nous. Lorsque nous serons prêts, nous pourrons alors l'annoncer. Je dis nous, car j'en fais partie désormais.

jeudi 5 décembre 2013

Lucie, la fée des champs



Dans la cour de la ferme de la Fée des champs, le calme de la campagne règne. On est pourtant juste à la sortie de la ville de Wambrechies, mais ce sentiment de retour à la terre fait du bien à la citadine que je suis.
A l'abri du hangar, étagés sur un grand grillage, les oignons sèchent par dizaines. Un monticule de courges de toutes les couleurs attend d'être partagé parmi les adhérents de l'AMAP. Je retrouve Lucie
et Steve, son employé, installés sous le tunnel, en train de retirer les dernières tiges des radis noirs avant que le coucher du soleil. De longues rangées de jeunes pousses s'étendent derrière eux, prêtes à passer l'hiver.
Lucie s'est installée en tant que maraîchère sur les terres de ses parents, voilà maintenant 4 ans. À 33 ans, son bagage professionnel est bien rempli : après un BEP et bac pro horticole, la jeune femme se passionne pour les plantes médicinales, et devient préparatrice de commandes. Son
chemin se poursuit en chimio, puis en mairie. Au final, son besoin de contact avec la terre et son amour pour le dessin la conduisent à mener un BTS aménagement paysager.


Les ravages de la Révolution verte


Pendant ce temps, autour d'elle, les petits paysans disparaissent, leurs terres se font racheter par l'immobilier ou par d'autres agriculteurs qui intensifient toujours et encore leur production. Son père, éleveur de vaches, est en difficulté, la ferme familiale s’éteint. Déjà, les voisins sont à leurs portes pour racheter leurs terres. La réflexion s'est imposée d'elle-même : comment en est-on arrivés là ? Que faire pour sauvegarder un modèle paysan à taille humaine et durable ?
Tout s'est joué lors de cette journée sur l’économie sociale et solidaire à Lille. Lucie et son père y découvrent le système d'AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne), grâce à Rémi, un coordinateur de projets qui met en lien paysans et consommateurs lillois engagés.


Renouer avec la terre


La réponse est là : grâce à ce système, les revenus du paysan sont assurés toute l'année, et ce dès son installation. Finis les marchés et la recherche ardue de clientèle ! Voici venue la possibilité de développer une agriculture biologique et locale, à taille humaine, nourrie de rencontres et d'échanges de savoirs. Le consommateur est fidèle grâce à son adhésion : à chaque rentrée scolaire, celui-ci donne à l'avance les chèques, d'un montant égal, qui seront débités régulièrement toute l'année. Il participe ponctuellement et de manière conviviale aux récoltes et travaux de la ferme. En échange, le producteur s'engage à distribuer chaque semaine, un panier de légumes sains et locaux, à un prix juste, plus ou moins fourni selon la saison.
Tout se joue très vite : premières réunions avec les particuliers intéressés, montage des dossiers et du projet avec l'aide des associations Avenir, A petitspas, et GABNORD, certification au label AB, installation des premières cultures. Lucie démarre son activité avec 20 paniers. 4 ans plus tard, la voici arrivée à 76, l'équilibre est presque trouvé.
Comme beaucoup d'Amapiens, Lucie s'attache à faire découvrir ces légumes oubliés car non calibrés : courges-spaghettis, radis noirs, tomates anciennes, haricots violets... Moi-même adhérente depuis deux mois seulement, je les découvre au fur et à mesure. Une chose est sûre : je n'ai jamais autant cuisiné depuis que je suis dans une AMAP ! Les conserves et surgelés ont disparu au profit de tupperwares de bons petits plats sains, mes tomates ont enfin du goût, et ma famille n'en finit pas de voir les nouveautés étranges que je ramène chaque mercredi. Combien d'entre nous ont déjà vu un chou blanc pointu ?


Paysan, le plus beau métier du monde


« Ce que je préfère dans mon métier ? Le contact du Vivant, les odeurs... et les liens qui se créent ! Ces liens qui amènent d'autres liens... ». Témoin de cette fraternité, de cette solidarité qui se crée entre tous ces gens, de plus en plus nombreux à ouvrir les yeux, Lucie se veut confiante en l'avenir. À ma question « Que faire pour transformer cette société ? », la jeune maraîchère en est convaincue : « le bio est à la base de tous les changements... ». C'est une philosophie de vie globale, basée sur le respect du Vivant... et la meilleure façon d'y arriver, c'est comme pour son métier : ne pas penser à l’ampleur de la tâche. Y aller chaque jour à petit pas, l'un après l'autre...


J.L.

mercredi 8 mai 2013

Les Incroyables Comestibles sont à Wambrechies !

NOTE : cette expérience a duré du 1er mai au 1er juin, date à laquelle tous les plants étaient arrachés, disparus. Ce petit potager n'existe donc plus.

En réponse au mouvement mondial pour la promotion d'une nourriture gratuite à partager, "Incredible edible", nous avons pris nos outils, nos plants potagers, et sommes partis défricher un bout de nature au bord de la Deûle, le long du chemin de promenade entre Wambrechies et Quesnoy-sur-Deûle, pour commencer un petit potager.

photo du 1er jour, le 1er mai.


Vous y trouverez pour le moment un plan de concombres bio, deux plan de tomates bio, deux fraisiers et deux salades.
J'ai continué à défricher pour installer deux ou trois rangées de pommes de terre bio, ainsi que des oignons et de l'ail.
potager au 15 mai.


De l'aide est bienvenue pour prendre soin de ces jeunes pousses et continuer d'agrandir la zone. Depuis le centre-ville, c'est 20mn à pied ou 5mn en vélo. C'est un endroit fort éloigné mais très tranquille pour cette première expérience, en attendant d'investir d'autres espaces plus au cœur de la ville !